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Les langues araméennes modernes
Page réalisée par Jean Sibille, 2011.
Données sur les langues araméennes modernes:
Noms alternatifs:
Où sont parlées les langues néo-araméennes :
Elles sont parlées au Moyen-Orient, en Iran, Irak, Syrie et Turquie ; ainsi que dans de nombreuses diasporas aux Etats-Unis et en Europe.
– le ma‘aloula est parlé en Syrie dans trois villages de l’Anti-Liban, au Nord-Est de Damas : Ma‘aloula Gupa‘od (Jubb‘adin en arabe) et Bakha.
– Le mandéen moderne (ou ratna) est parlé en Iran, à Ahwaz et Khorramshahr dans le Khouzistan
– Le touroyo est parlé dans la région du Tour Abdin en Turquie, dans la province du Khabour en Syrie (en particulier dans la ville de Qamishli).
– Le soureth ou néo-araméen du nord-est est parlé au nord de l’Iraq ainsi que de l’Azerbaïdjan et de kurdistan iraniens (régions d’Ourmia, Salamas, Sanandaj) ; il est également parlé dans la province du Khabour en Syrie, dans une trentaine de villages fondés dans les années 1930 par des réfugiés venus des monts Hakkâri (aux confins turco-irano-iraquiens).
Qui parle les langues araméennes ?
Les locuteurs de langues araméennes sont majoritairement issus des populations chrétiennes et juives du Moyen-Orient. Le mandéen moderne est parlé par des Mandéens (le mandéisme est une religion minoritaire d’origine gnostique se réclamant de St Jean Baptiste). Le ma’aloula est la seule variété d’araméen moderne parlée par des musulmans.
Nombre total de locuteurs (estimation) : un peu plus de 600 000 locuteurs (selon les chiffres donnés par l’UNESCO) mais le soureth à lui seul compte environ 500 000 locuteurs.
Classification : Famille afro-asiatique, langues sémitiques, groupe des langues sémitiques du Nord-Ouest.
Les langues araméennes modernes descendent des différents dialectes de l’araméen .
Les formes anciennes de l’araméen telles qu’elles sont connues par les inscriptions et les texte de l’Antiquité (araméen ancien) et du Moyen Âge (araméen moyen) sont aujourd’hui éteintes. Toutefois deux dialectes de l’araméen moyen ont encore un usage liturgique : le syriaque et le mandéen classique.
Classification interne :
– Branche araméenne occidentale :
Ma’aloula environ 20 000 locuteurs selon l’UNESCO.
– Branche araméenne orientale :
Touroyo environ 50 000 locuteurs selon l’UNESCO.
Soureth environ 500 000 locuteurs selon J.Sibille (2010).
Mandéen moderne quelques centaines locuteurs selon J.Sibille (2011, c.p.).
Le touroyo et le soureth sont plus proches entre eux qu’avec le mandéen, qui est issu du mandéen classique. Le ma’aloula est le seul représentant encore vivant de la branche occidentale. Pour une meilleure compréhension de l’origine des différentes langues araméennes voir l’arbre suivant.
Arbre généalogique des langues araméennes modernes :
NB. Toutes les (nombreuses) branches de l’araméen, aujourd’hui éteintes, ne sont pas représentées sur ce schéma ; seules sont représentés le syriaque et les branches aboutissant à des langues encore vivantes.
Les langues araméennes sont-elles en danger :
Oui, toutes les langues araméennes encore vivantes sont en danger. Le plus menacé est sans doute le mandéen qui est au bord de l’extinction. Le touroyo est classé comme une langue « sérieusement en danger » (degré 3 sur une échelle de 5) par l’UNESCO, qui considère le ma’aloula et le soureth, comme des langues « en danger » (degré 2) également.
Quelques précisions historiques
Les premières attestations écrites de l’araméen datent du début du premier millénaire avant l’ère chrétienne. Dès le VIIe siècle avant notre ère, il devient la langue administrative de l’Empire néo-assyrien puis des empires néo-babylonien et perse, et la langue véhiculaire de tout le Proche et Moyen-Orient. Dès l’Antiquité, on distingue une branche orientale (Mésopotamie) et une branche occidentale (Palestine, Liban, Ouest de la Syrie). De nombreux dialectes sont attestés par des inscriptions lapidaires ou des textes (passages en araméens de la Bible, Targum palestinien, Targum babylonien, manuscrits de Qumran, Talmud…).
Au début de l’ère chrétienne, le syriaque, qui serait le dialecte araméen d’Edesse (aujourd’hui Ourfa ou Urfa en Turquie), devient la langue classique des chrétiens orientaux. La littérature syriaque reste active jusqu’au XIIIe siècle. Par la suite, le syriaque est de plus en plus cantonné à des usages religieux.
Aucune langue araméenne moderne ne descend directement du syriaque ; elles sont issues de rameaux parallèles de l’araméen. Les langues du rameau oriental (touroyo, soureth, mandéen), sont probablement issue de l’araméen babylonien, variété relativement proche du syriaque. De plus, le syriaque – langue de la religion – a exercé une influence non négligeable sur les langues araméennes modernes (au moins chez les chrétiens).
Bibliographie
Awde (Nicholas), Lamassu (Nineb) & Al-Jeloo (Nicholas) Modern Aramaic (Assyrian / Syriac). Dictionary and phrasebook, Hippocrene Books INC, New York 2007, 304 p.
David (Rev. Samuel), The first English-Chaldean dictionary, Chicago, 1924, 423 p. (suivi d’un lexique chaldean-english de 140 p.) [reprint http://www.lulu.com/atourpub ou www.assyrianmarket.com]
Maclean (Arthur John), Dictionary of the dialects of vernacular Syriac, Oxford 1901, 334 p. [reprint : Gorgias Pres, 2003 et Atourpub]
Poizat (Bruno) Manuel de soureth. Initiation à l’araméen d’aujourd’hui parlé et écrit, Geuthner, Paris, 2008, 320 p.
Sabar (Yona), A Jewish Neo-aramaic dictionary, Harrassowitz Verlag, Wiesbaden, 2002, 338 p. [entrées en caractères hébreux + transcription en caractères latin + traduction en anglais ; basé sur le dialecte des Juifs de Zakho]
Liens
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Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org