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Le yamana
Données collectées par l’UNICEF.
Données sur la langue yamana
Noms alternatifs : yagan, yagán, yahgan, yámana
Classification :
Le yamana est considéré comme un isolat.
Des rapprochements avec le kawésqar voisin et dont les locuteurs partageaient de nombreux traits culturels ont été proposés, ainsi qu’avec les langues chon jadis parlées dans la Patagonie argentine. Ces rapprochements n’ont pas été prouvés pour le moment.
Principaux dialectes :
Selon Fabre (2007), il y avait 5 dialectes principaux du yamana : le dialecte de l’île de Wollaston, le dialecte méridional, le dialecte oriental, le dialecte central et le dialecte occidental. Seul le dialecte central aurait survécu. Pour plus d’information voire Fabre (2007)
Aire géographique :
Chili, Terre de Feu.
Le yamana est souvent appelé : « la langue la plus australe du monde ».
Traditionnellement les Yamanas vivaient à l’extrême sud de la Terre de Feu, sur un territoire d’îles et de canaux allant du canal Beagle au nord jusqu’aux îles du cap Horn au sud et de Bahia Aguirre à l’est jusqu’à la péninsule de Brecknock à l’ouest. Actuellement les derniers locuteurs vivent à Villa Ukika sur l’île Navarino, près de Puerto Williams.
Nombre de locuteurs :
Selon le recensement chilien de 2003, repris par l’UNICEF, 1685 personnes se revendiquent Yamanas, mais presqu’aucun n’est locuteur de la langue. Le nombre de locuteurs de yamana n’est pas précisé par cette enquête.
Le site « Yaganes » parle d’un « nombre réduit de locuteurs » et qui sont probablement des locuteurs partiels. Fabre (2007), citant Guerra Eissmann, mentionne « trois femmes adultes » locutrices natives de la langue en 1995. A l’heure actuelle Cristina Calderón, âgée de 80 ans et habitant à Villa Ukika, serait la dernière locutrice native. Cette information, largement reprise à travers la presse et internet n’est pas confirmée par l’UNICEF. Linguamón mentionne « entre 1 et 3 » locuteurs.
Statut de la langue :
Pas de statut officiel. Selon linguamon : Au Chili, la Constitution ne prévoit aucune langue officielle, bien que l’espagnol le soit de facto. « La loi nº 19 253 ou Loi indigène de 1993 fixe les normes relatives à la protection, la promotion et le développement des cultures et des langues indigènes, et crée la Corporation nationale de développement indigène (CONADI), organisme chargé de la promotion, de la coordination et de l’exécution des actions de l’État dans ce domaine. »
Vitalité et Transmission :
Le yamana est au bord de l’extinction. La langue n’est plus transmise depuis plusieurs générations. Elle a été abandonnée au profit de l’espagnol.
Les trois dernières langues de l’extrême austral américain (le kawésqar, le yamana et le tehuelche) auront probablement disparues dans les 20 ans qui viennent ou plus tôt, à moins d’un spectaculaire effort de revitalisation.
Précisions ethnographiques et sociologiques :
Les Yamanas ou Yaganes sont probablement des descendants des populations paléo-indiennes qui se sont installés dans la région il y a 13 000 ans. Ils partageaient avec les Kawésqar (ou Alacalufe) le mode de vie nomade des autochtones de la zone australe de l’Amérique du sud. Ce mode de vie leur a valu d’être appelés « nomades de la mer » par l’ethnologue José Emperaire, expression passée depuis dans l’imaginaire collectif.
Ils vivaient dans une région composée d’un immense réseau de canaux naturels navigables, qui étaient à la fois leurs « routes » de transport et leur source principale d’alimentation.
L’unité sociale de base était un groupe familial de petite taille. Ils ne pratiquaient pas vraiment l’agriculture. L’alimentation reposait essentiellement sur la pêche, la cueillette servant d’alimentation de complément. Ces familles étaient organisées de façon à favoriser un nomadisme nécessitant une grande mobilité. Les possessions matérielles étaient très réduites. Le moyen de transport privilégié était un canoë de bois léger. Les habitations circulaires, faites de peaux tendues sur une structure en bois, étaient faciles à démonter et à transporter.
L’exploitation aurifère de la Terre de Feu, à la fin du 19ème siècle, ont fait se multiplier les contacts entre les Yamanas et la société occidentale. A cette même époque, les bateaux de pêches de diverses nationalités ont commencé à exploiter les canaux de la Terre de Feu, envahissant le milieu naturel des Yamanas.
Selon Fabre (2007), dès le début du 20ème siècle, les Yamanas étaient déjà très acculturés, ils avaient perdu en grande partie leur mode de vie traditionnel et nombre d’entre eux avaient déjà abandonné leur langue au profit de l’espagnol.
Pour plus d’information sur la langue et la culture yamana/yagan voir l’excellent site « Yaganes », réalisé par Oscar Aguilera Faúndez, ethnolinguiste de l’Université du Chili.
Source :
Hernandez, Arturo & Argüelles, Nallely. 2010. Chile patagónico in « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp126-132.
Liens :
Portail des cultures indigènes du Chili : Ser Indegena (en espagnol) [14/03/2011]
Données collectées par l’UNICEF sur le yamana [14/03/2011]
Page du site de Linguamón, consacrée au yamana [14/03/2011]
Un article du site mapuche.nl sur la mort d’Emelinda Acuña, peut-être l’avant dernière locutrice de yagan/yamana (en anglais) [14/03/2011]
Un article de « La Estrella de Arica » sur Cristina Calderón et la sauvegarde du yagan/yamana (en espagnol) [14/03/2011]
Bibliographie complémentaire :
Fabre, Alain 2007. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne
Emperaire, José. 1955. Les nomades de la mer. Paris.
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2007), pour une bibliographie plus complète.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org