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le hiw
Page réalisée par Alexandre François (LACITO-C.N.R.S.; Australian National University), 2010.
Données sur la langue hiw
Noms alternatifs :Hiu
Classification : Austronésienne, océanienne, nord et centre Vanuatu
Aire :
Le hiw est parlé sur l’île du même nom. Appartenant au groupe des îles Torres, Hiw est l’île la plus septentrionale de l’archipel du Vanuatu, dans le Pacifique sud.
Dialectes et variantes :
Les locuteurs se souviennent de l’existence d’anciennes variantes dialectales; mais celles-ci ont disparu au cours du XXème siècle.
Nombre de locuteurs :
Le hiw est parlé par toute la population de l’île de Hiw, soit 150 locuteurs environ.
Statut de la langue :
Il s’agit d’une langue vernaculaire à tradition orale. Elle n’a aucun statut officiel, et n’est parlée que dans les trois villages de sa communauté.
Vitalité et transmission :
Le hiw ne bénéficie ni d’un rayonnement extérieur, ni d’un soutien local qui pourrait le consolider dans les usages modernes. Si la population utilise encore cette langue couramment, en revanche c’est l’anglais qui est enseigné à l’école. Le hiw est totalement absents des médias du Vanuatu, lesquels parlent soit l’anglais, soit le français, soit le pidgin national ‘bislama’.
Médias, diffusions, et enseignement:
Le hiw s’est transmis assez bien jusqu’à présent, et son usage parcourt toutes les générations de locuteurs. Cependant, son avenir à terme n’est pas assuré, pour diverses raisons. Le faible nombre d’habitants dans l’île rend sa population vulnérable face aux dangers climatiques (zone de cyclônes, de séismes et de tsunamis), ou aux effets de l’exode rural. Au niveau primaire, les enfants de Hiw sont scolarisés à Lo, une autre île du groupe Torres, où la langue est le lo-toga: ainsi, pendant les années cruciales de leur enfance, ils entendent l’anglais en classe, et le lo-toga dans le village, sans être en contact avec leurs familles Hiw. Enfin, quand un locuteur de hiw passe à l’écrit, il n’utilisera jamais sa langue, mais l’anglais ou le bislama (pidgin national du Vanuatu).
Du fait de sa faible population, le moindre changement sociolinguistique peut avoir des répercussions immédiates sur la vitalité de la langue. Ainsi, dans un des trois villages, la population tend à employer en public le pidgin bislama, plutôt que la langue hiw, par égard envers un enseignant présent dans ce village, originaire d’une autre île, et qui n’a pas pris la peine d’apprendre le hiw.
Toutes ces raisons rendent la langue hiw particulièrement vulnérable aux assauts du monde moderne. Au-delà d’une ou deux générations, son avenir n’est pas garanti — à moins d’agir sans attendre pour consolider son usage de manière durable.
Précisions ethnographiques et sociolinguistiques
La population de Hiw a toujours entretenu des liens sociaux réguliers avec les autres îles Torres plus au sud – qu’il s’agisse d’échanges de biens, ou de relations de mariage. La majorité des locuteurs du Hiw parle aussi couramment le lo-toga; en revanche la symétrique n’est pas vraie: les locuteurs du lo-toga, localement dominants, connaissent rarement le hiw, qu’ils considèrent trop difficile. Ce bilinguisme asymétrique est une autre cause de fragilisation pour le hiw.
Précisions linguistiques
Le hiw est une langue particulièrement originale dans sa région, signe qu’elle a connu, historiquement, un nombre important d’innovations linguistiques qui l’ont distinguée de ses voisines. Cette originalité se manifeste en divers points de sa grammaire – morphologie, syntaxe, expression de la possession ou de l’orientation spatiale… La phonologie du hiw est également déroutante, avec son inventaire de 9 voyelles – que les locuteurs des langues voisines ne savent pas distinguer – ou ses groupes de consonnes – ex. vti ‘étoile’, wte ‘petit’, kngwa ‘aujourd’hui’, kwne ‘parfum’, kwgLé ‘dauphin’… Enfin, le hiw possède un phonème extrêmement rare dans le monde, une “latérale vélaire préplodée” – consonne complexe [gL], prononcée avec le dos de la langue.
Quelques mots en hiw
ne men̄a te Hiw | [nəməˈŋa tə ˈhiw] | ‘la langue hiw’ |
tō me! | [ˈto-mə] | ‘viens!’ |
qutukn̄waëne | [kʷʉtʉkŋʷaˈenə] | ‘maintenant’ |
ne megoye | [nəməˈɣɔjə] | ‘l’enfant’ |
tuqunkë | [tʉkʷʉnˈke] | ‘les enfants’ |
ne yeqën | [nəjəˈkʷen] | ‘la femme’ |
tör̄ör̄ë | [tɵg͡ʟɵˈg͡ʟe] | ‘les deux femmes’ |
tun̄wuyegë | [tʉŋʷʉjəˈɣe] | ‘les femmes’ |
öyöyar̄ | [ˌɵjɵjˈag͡ʟ] | ‘appeler’ |
yer̄yër̄ag | [ˌjəg͡ʟjeˈg͡ʟaɣ] | ‘rechercher’ |
mer̄awe | [məˈg͡ʟawə] | ‘magnifique’ |
kön̄ wye | [kɵŋˈwjə] | ‘bonne nuit; au revoir’ |
Sources et liens pour en savoir plus
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org